mercredi 7 août 2024

Ellsworth Kelly chez Vuitton : le musée et l’homosexualité

Ce texte a été initialement publié par Libération le 12 mai 2024, sous le titre « Ellsworth Kelly à la Fondation Vuitton, l'homosexualité invisibilisée ».

Un jour du printemps 1957, un couple d’artistes s’assied sur un quai au sud de Manhattan, au bord de l’East River, et partage une orange. L’un d’eux conserve la pelure du fruit et, de retour dans son atelier, en fait le point de départ d’une œuvre abstraite, une forme orange sur un fond bleu. Intitulée Orange Blue, l’œuvre porte au dos cette inscription : « Pour Robert une écorce d’orange du quai 7. »

Ce couple n’est pas n’importe lequel : il réunit deux artistes dont les œuvres, majeures, vont contribuer à bouleverser l’art du XXe siècle, l’« abstrait » Ellsworth Kelly (1923-2015) et le « pop » Robert Indiana (dont l’assemblage de lettres Love est reproduit dans le monde entier, 1928-2018). Ils vivent quelques années ensemble, à un moment décisif de maturation de leurs œuvres respectives, alors que, trentenaires, ils cherchent la reconnaissance. Indiana a ainsi déclaré : « Avec Ellsworth, toute ma vision de la vie a changé. »

Cette histoire, on ne la trouvera pas sur les cimaises de la fondation Louis Vuitton, où vient d’ouvrir une rétrospective consacrée à Kelly, pas plus qu’on ne trouvera la moindre référence à l’homosexualité de l’artiste : elle est proprement évacuée et effacée. L’exposition célèbre un artiste de la couleur et de la forme – ce qu’il était assurément –, un génie qui s’était donné pour but d’« arriver au ravissement de la vision » ; un artiste sans chair ni sexualité, au prisme d’une lecture purement esthétique et formelle. Pour la chronologie affichée dans l’exposition comme pour le catalogue, Indiana est un ami parmi d’autres.

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jeudi 4 avril 2024

Monique Wittig : faire violence à la langue, dénaturaliser le sexe

À l'occasion de la parution de Dans l'arène ennemie, recueil d'écrits de Monique Wittig qu'ils ont édité (chez Minuit), j'ai réalisé un entretien avec Sara Garbagnoli et Théo Mantion pour le magazine Diacritik : Monique Wittig : faire violence à la langue, dénaturaliser le sexe (Dans l’arène ennemie. Textes et entretiens, 1966-1999)

J'animerai une rencontre avec Sara Garbagnoli et Théo Mantion à la librairie Petite égypte, mardi 9 avril, 19h (35 rue des Petits carreaux, Paris 2ème).

dk_wittig.png, avr. 2024

vendredi 8 mars 2024

Prix AWARE

Rapporteur pour les prix décernés par l'association AWARE – Archives of Women Artists, Research and Exhibitions –, qui rend visible le travail et les trajectoires des artistes femmes, j'ai proposé et défendu la nomination de Katerina Thomadaki pour son œuvre commune avec Maria Klonaris. Celles-ci ont obtenu le prix d'honneur AWARE. Mon texte critique présentant leur travail est en ligne sur le site d'AWARE (et sa traduction en anglais).

Portraits photographiques réciproques de la série Tri-X-Pan Double Exposure, 1977 ©Klonaris/Thomadaki, avr. 2024
Portraits photographiques réciproques de la série Tri-X-Pan Double Exposure, 1977 ©Klonaris/Thomadaki

Au titre du prix Nouveau Regard, j'ai également proposé et défendu la nomination de Basma al-Sharif. Mon texte sur son travail est publié en ligne (traduit en anglais).

The Story Of Milk And Honey, 2011, vidéo, Courtesy Galerie Imane Farès, avr. 2024
The Story Of Milk And Honey, 2011, vidéo, Courtesy Galerie Imane Farès

dimanche 19 novembre 2023

Répression de l'homosexualité et réparations

Le sénateur socialiste Hussein Bourgi a déposé au Sénat, en août 2022, une proposition de loi co-signée par plusieurs dizaines de sénatrices et sénateurs, et proposant une « reconnaissance officielle des discriminations et condamnations subies en raison de leur orientation sexuelle, vraie ou supposée, ou de leur identité de genre ». Elle doit être examinée par le Sénat le 22 novembre prochain.

Du fait de son ambition, cette proposition de loi est, bien évidemment, majeure politiquement et symboliquement. Comme d’autres pays l’ont fait, il est fondamental que la France reconnaisse officiellement la répression judiciaire dont ont été victimes les personnes LGBTQI+. Cependant, en l’état, cette proposition est trop restreinte et restrictive : elle exclut de nombreux cas de répression pour homosexualité.

Trois publications sur le sujet :

- dans Le Monde : Condamnations pour homosexualité : « Il faut élargir le champ de la réparation » (également publié en anglais : Historical homosexuality convictions: 'We must broaden the scope of reparations')

- et Répression de l’homosexualité et réparations : une proposition de loi incomplète

- ainsi qu'un panorama de la répression de l'homosexualité en France : Répression, « dépénalisation » de l’homosexualité et demandes de réparation

mercredi 18 octobre 2023

Résistances Queer. Une histoire des cultures LGBTQI+

Paraît aujourd'hui la bande-dessinée Résistances Queer : Une histoire des cultures LGBTQI+, dessinée par Pochep et dont j’ai écrit le scénario. Elle est co-publiée par les éditions La Découverte et Delcourt, dans une collection dirigée par Sylvain Venayre.

couv_rq.png, nov. 2023

À Paris, de nos jours, un trio de personnages dresse une vaste fresque de l’histoire LGBTQI+, principalement française, en faisant des incursions à l’étranger.

Cette histoire retrace la « naissance » de l’homosexualité à la fin du XIXe siècle, puis le développement de comportements et d’identités, de noms, de lieux et de codes spécifiques. La littérature, la chanson et la culture se révèlent être des espaces d’identification et de représentation. On découvre la répression, la déportation et la « dépénalisation » qu’a subies l’homosexualité en France, mais aussi l’émergence de mouvements politiques pluriels et parfois conflictuels. De multiples identités LGBTQI+ (lesbiennes, gays, bis, trans, queers, intersexes, etc.) se dessinent sous nos yeux.

À travers ces récits, Antoine Idier et Pochep témoignent du fait que les minorités sexuelles, résistant à la domination hétéronormative, n’ont cessé pendant près de deux siècles de réinventer des codes culturels, des solidarités et des sociabilités, de forger des représentations et des outils de lutte.

Plusieurs rencontres sont prévues autour de cette parution :

  • à Lyon, le mardi 7 novembre, 18h30, à la librairie Le Bal des ardents ;
  • à Paris, le vendredi 10 novembre, 19h, à la librairie Les Mots à la bouche ;
  • à Bordeaux, le samedi 25 novembre, 11h, à la librairie La Machine à lire ;
  • à Paris, le mardi 28 novembre, 19h, à la librairie Ici Paris ;
  • à Paris, le mardi 5 décembre, 20h, au MK2 Bibliothèque, dans le cadre des rencontres du MK2 Institut.

lundi 22 mai 2023

Colloque « 24 heures dans la vie de Michel Journiac »

Je participerai au colloque « 24 heures dans la vie de Michel Journiac », au Mucem, les 25 et 26 mai. Le colloque est organisé par Vincent Labaume, Aude Fanlo, Vincent Bonnet, Armance Léger et Hélia Paukner (programme complet).

Mon intervention a pour titre « Politiques minoritaires et histoire de l’art. Autour d'une exposition fantôme, Les Créateurs face au Sida (1993-1994) ».

lundi 6 mars 2023

Le musée et le racisme : Faith Ringgold au Musée Picasso

Texte publié par le magazine Diacritik : Le musée et le racisme : Faith Ringgold au Musée Picasso

dimanche 12 février 2023

Traduction : John Greyson, « Violettes de Parme » (1988)

Pour PLARA, Plateforme éditoriale numérique consacrée à la recherche en arts, j'ai traduit un script vidéo de John Greyson, « Violettes de Parme » (1988), portant sur les politiques artistiques face à l'épidémie du Sida.

L’histoire du sida, la violence de l’épidémie, la stigmatisation des malades et des minorités qui l’a caractérisé, l’inventivité politique et culturelle qui s’est formée pour lui répondre, suscitent depuis quelques temps un fort engouement dans l’art. Nombre d’artistes, morts du sida et/ou l’ayant affronté dans leur travail, sont aujourd’hui redécouverts et bénéficient d’importantes expositions, après avoir été laissés de côté et très peu montrés pendant des années : pensons, par exemple, à David Wojnarowicz, Peter Hujar, Derek Jarman ou encore à Hugh Steers. Diverses expositions et publications sur le sida ont récemment vu le jour, ou le verront bientôt.

Il apparaît fondamental de contribuer à repolitiser cette redécouverte, en affirmant que son objet ne doit pas seulement être d’ajouter un nouveau chapitre à l’histoire de l’art, mais plutôt de réfléchir à la manière dont « l’art du sida » a constitué un moment d’interrogations vives et de confrontations dures sur les finalités et les modalités mêmes de l’art. Les liens entre art et sida furent en effet loin d’être évidents : si l’on insiste souvent sur les « guerres culturelles » (qui, à l’initiative de conservateurs, ont visé Robert Mapplethorpe ou Wojnarowicz, parmi d’autres), on rappelle moins que le sida produisit d’importantes tensions, internes à l’art, sur les manières de s’y confronter artistiquement, sur des enjeux de représentation.

vendredi 25 novembre 2022

« Arts, Politics, Controversies : AIDS and its responsabilities »

Mon texte « Arts, Politics, Controversies : AIDS and its responsabilities » est publié dans le catalogue de l'exposition « Every Moment Counts : AIDS and its feelings », exposition réalisée par Ana María Bresciani et Tommaso Speretta et montrée au Henie Onstad Kunstsenter, Norvège (18 février-22 mai 2022).

mardi 20 septembre 2022

Craig Owens : postmodernisme et stratégies politiques de la représentation

Texte publié par le magazine Diacritik : Craig Owens : postmodernisme et stratégies politiques de la représentation

jeudi 1 septembre 2022

"Dans les marges", exposition à la bibliothèque de Lyon, 15 septembre 2022 au 28 janvier 2023

« Dans les marges. Trente ans du fonds Michel Chomarat à la Bibliothèque municipale de Lyon » : une exposition dont je suis le commissaire, montrée du 15 septembre 2022 au 28 janvier 2023 à la Bibliothèque de la Part-Dieu, à partir d’un fonds d’archives exceptionnel, un des premiers fonds LGBTQI+ en France, le seul dans une institution publique, un fonds portant plus généralement sur l’illégitimité sociale, la marginalité, les minorités.

Affiche de l'exposition "Dans les marges", sept. 2022

L’universalité prêtée au patrimoine est souvent interrogée par celles et ceux qui, dominés et minoritaires dans la société, se découvrent exclus, relégués hors du patrimoine. Annie Ernaux, faisant le récit de son avortement illégal dans les années 1960, remarque ainsi : « Je ne crois pas qu’il existe un Atelier de la faiseuse d’anges dans aucun musée du monde. » Cette conscience que le patrimoine n’est pas neutre, à l’écart des rapports sociaux, Michel Chomarat a choisi de l’affronter en constituant un fonds de livres et d’archives unique en France.

Né en 1948 à Lyon, éditeur, activiste aux multiples personnalités et ancien chargé de mission « Mémoire » au cabinet du maire Gérard Collomb (2001-2013), il a déposé ce fonds à la bibliothèque municipale de Lyon en 1992. En accroissement constant, à l’écart des processus habituels d’acquisition, au fil des intérêts renouvelés, des passions et des amitiés de son fondateur, le fonds comprend aujourd’hui des dizaines de milliers de documents et objets qui occupent près d’un tiers du 11e étage du silo de la Part-Dieu.

Mû par la volonté tenace de garder ce dont les autres n’ont pas voulu, Michel Chomarat est, à l’image du chiffonnier décrit par Walter Benjamin, hanté par les « rebuts de l’histoire », les « haillons » et les « guenilles », par lesquels il est possible de « créer de l’histoire avec les détritus mêmes de l’histoire ».

La collection qu’il a réunie forme un des premiers fonds d’archives LGBTQI+ en France, portant sur l’histoire et les cultures des minorités sexuelles, et le seul dans une institution publique. Plus généralement, le fonds est traversé par les questions de l’illégitimité et de la marginalité, principalement depuis le XIXe siècle. Illégitimité et marginalité par rapport aux rayonnages habituels des bibliothèques : s’y trouve ce qui ne se trouve par ailleurs, ce que des institutions patrimoniales n’ont pas jugé digne ou intéressant de préserver.

Illégitimité et marginalité par rapport à la culture légitime : le fonds abrite de nombreuses traces des cultures populaires, des objets banals qui témoignent des vies ordinaires des hommes et des femmes ordinaires, anonymes et oubliés. Les groupes minoritaires, rejetés et persécutés par les groupes dominants, sont omniprésents : LGBTI+ mais aussi les fous, les étrangers, les prostituées, les franc-maçons, etc. Selon l’expression de Michel Foucault, le fonds dessine une cartographie de « vies des hommes infâmes »

Par sa collection d’affiches, de tracts et de journaux, le fonds Chomarat donne aussi à voir la manière dont des voix minoritaires ont trouvé à se regrouper et à s’exprimer, à forger des discours et des cultures contestataires. Le fonds livre ainsi une histoire de l’imprimé populaire et marginal, séditieux, contestataire et dissident.

Un dossier de présentation de l'exposition et des événements associés (visites, rencontres, projections, etc.) est disponible.

Un catalogue (Éditions Mémoire Active, ISBN 979-10-96156-09-8) est à paraître, avec des contributions de Jacqueline Allemand, Françoise Biver, Serge Boarini, Sylvain Bouchet, Antonin Crenn, Christian Delorme, Nicolas Galaud, Catherine Goffaux, Régis Le Mer, Siegfried Plümper-Hüttenbrink, ainsi que des photographies de Julien Adelaere.

mercredi 17 novembre 2021

"Agir le cinéma", édition des écrits du cinéaste expérimental yann beauvais

Je suis heureux d'annoncer la parution prochaine du livre de yann beauvais, Agir le cinéma. Écrits sur le cinéma expérimental (1979-2020), anthologie que j'ai éditée pour les Presses du réel.

yb_couv-p.png, nov. 2021

Cinéaste, yann beauvais est depuis la fin des années 1970 un acteur de premier plan du cinéma expérimental, un cinéma « mineur » qu’il a énergiquement contribué à défendre et à affirmer. Tout à la fois critique, programmateur et commissaire d’exposition, il a été un des fondateurs en 1982 de Light Cone, coopérative devenue un des lieux phares de conservation et de diffusion des films expérimentaux. En parallèle de son travail filmique, yann beauvais a œuvré sans relâche à la constitution d’un champ artistique : il a contribué à en écrire l’histoire et à transmettre un corpus fondateur, à former une communauté d’auteurs et de spectateurs, à faire circuler des films entre l’Europe, les États-Unis, l’Amérique latine et l’Asie, tout en délimitant un ensemble de problèmes que devait affronter le film envisagé comme un medium à part entière. Pionnier du cinéma gay et queer, engagé dans les luttes du Sida, yann beauvais a aussi mis en question les formes de la politique filmique et la manière dont le cinéma pouvait se faire la voix d’individus et de groupes minoritaires.

Réunissant des textes parus depuis 1979, cet ouvrage dresse une impressionnante cartographie du cinéma expérimental passé et présent. Il retrace l’histoire de ses auteurs et de ses lieux, interroge le travail de la lumière, de l’espace, du montage et du son, interpelle les conditions de projection et les formes narratives. Il s’intéresse au found footage et au sample, aux pratiques du journal filmé, au cinéma LGBT et queer, au musical. Il dialogue avec des cinéastes en France, en Angleterre, en Allemagne et en Amérique du Nord, mais aussi à Taïwan, au Brésil, en Europe centrale et balkanique, etc. Au fil des pages, il démontre surtout la vitalité du film comme une pratique esthétique et politique pouvant mettre en cause tant les formes artistiques que les formes sociales.

Des rencontres autour du livre auront notamment lieu :

En parallèle de la sortie du livre, yann beauvais présentera également :

vendredi 3 avril 2020

Beauté Congo, beauté coloniale

(Je publie ce texte ancien, écrit à l'automne 2015 à l'occasion de l'exposition "Beauté Congo" à la Fondation Cartier.)

L'exposition « Beauté Congo 1926-2015 » à la Fondation Cartier mérite bien son nom. Les œuvres impressionnent, l'exposition a reçu un accueil positif et a été prolongée de quelques semaines. Mais de quelle beauté s'agit-il ? Il faut le dire : d'une beauté coloniale, ce que la fondation ne tient apparemment pas à rappeler.

Le catalogue de l'exposition jette une terrible lumière sur les pièces présentées. « Cet art ne se rattache à rien », affirme André Magnin, commissaire général. « L'art congolais n'appartient qu'à lui-même. Il est vain de chercher à l'inscrire dans l'histoire de l'art ». Disons plutôt : l'art congolais, du moins celui accroché à la Fondation Cartier, s'inscrit dans une histoire ; il se rattache aux rapports de domination, aux catégories de perception et aux échanges culturels produits par le colonialisme. Le catalogue le décrit complaisamment, en présentant cette histoire et ces rapports comme naturels et allant de soi. Les interactions dans lesquelles les œuvres exposées trouvent leurs origines ne sont jamais interrogées.

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dimanche 12 janvier 2020

Pureté et impureté de l'art. Michel Journiac et le Sida

L'éditeur d'art Sombres torrents publie ce mois de janvier un essai dont je suis l'auteur, Pureté et impureté de l'art. Michel Journiac et le Sida.

Pureté et impureté de l'art. Michel Journiac et le sida, Sombres torrents (couverture)

La présentation de l'éditeur : « Pureté et impureté de l’art. Michel Journiac et le sida porte sur le silence des artistes français et du champ des arts plastiques face à l’épidémie du sida au début des années 1990 en France. Revenant sur la trajectoire de Michel Journiac, sur une constellation d’artistes qui lui furent liés et un projet d’exposition qui n’a pas vu le jour, cet essai resitue le travail de l’artiste dans le contexte des années 1980 et 1990, "années d’hiver" y compris pour l’art, et plus généralement dans le mouvement de l'"art corporel" et la recherche de formes d’activisme artistique. Pureté et impureté de l’art propose alors de réfléchir à ce qu’un tel silence face au sida dit de l’art français, et aux conséquences bien plus larges qu’il implique, d’hier à aujourd’hui, sur les rapports entre art et politique, entre la création, les luttes sociales, les mouvements culturels et les soubresauts qui traversent une société. »

Avec le soutien à l’édition du Centre national des arts plastiques. 68 pages, 8 euros.

Rencontres autour du livre :

  • le jeudi 13 février 2020, Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, Paris, avec Lilian Froger des éditions Sombres torrents, 18h30 ;
  • le jeudi 20 février, Librairie Petite Egypte, avec le cinéaste yann beauvais, 19h (35 rue des petits carreaux, Paris 2ème).

mardi 4 juin 2019

La traduction énergumène

Je suis régulièrement interrogé au sujet des Culs énergumènes, texte publié anonymement en 1973 dans « Trois milliards de pervers », numéro de la revue Recherches dirigée par Félix Guattari. En 2010, traduit en anglais sous le titre The Screwball Asses par Semiotext(e), il est attribué à Guy Hocquenghem. Depuis, d’autres traductions ont vu le jour : en italien, en grec, bientôt en allemand, etc. C'est un des rares textes qui circulent hors de France sous le nom d'Hocquenghem, dont les écrits sont peu traduits (ou, pour certaines traductions, sont épuisés). Or ce texte n’a pas été écrit par Hocquenghem. Il faut le redire et y insister : Les Culs énergumènes n’ont pas été écrits par Guy Hocquenghem.

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mercredi 24 octobre 2018

Archives des mouvements LGBT+

Mon livre Archives des mouvements LGBT+ a été publié le 24 octobre dernier par les éditions Textuel.

Archives des mouvements LGBT - Antoine Idier - TextuelLa présentation de l’éditeur : « À partir d’archives pour la plupart inédites, ce livre retrace sur la longue durée une histoire des luttes et mouvements LGBT+ en France. Nourri d’une investigation documentaire de grande ampleur, l’ouvrage présente une riche iconographie : affiches, couvertures de journaux ou revues, tracts, correspondances, photographies, etc. Une vingtaine d’invités commentent des documents de leurs choix : la pluralité des points de vue des contributeurs, chercheurs et/ou militants de différents générations, incarne la diversité des expressions minoritaires rassemblées sous le nom LGBT+. Celles-ci, à travers plus d’un siècle de combats, ont permis l’invention d’espace de liberté et de vie, et la remise en question de toute "normalité" sexuelle. »

Avec des contributions de Daniel Borrillo, Patrick Cardon, Sébastien Chauvin, Michel Chomarat, Alice Coffin, Gwen Fauchois, Sara Garbagnoli, Catherine Gonnard, Ary Gordien, Hélène Hazera, Michèle Larrouy, Michael Lucey, Bill Marshall, Florent Molle, Bruno Perreau, Todd Shepard, Abdellah Taïa, Florence Tamagne.

Je reviens sur le projet du livre dans plusieurs entretiens, notamment avec Cy Lecerf Maulpoix dans i-D Vice (« Un nouveau livre retrace 150 ans de lutte LGBT+ en images ») et avec Florian Bardou dans Libération (« Les "silences criants" des archives LGBT+ »). Ainsi que sur France culture, dans « La Fabrique de l'histoire » du 16 octobre 2018 (« Archives = Vie ? »).

Lire aussi la critique de Christine Marcandier pour Diacritik (« LGBT+ : Archives de mouvements et combats, Antoine Idier, "un inventaire en négatif" ») et le porfolio publié par Mediapart (« Les luttes LGBT retrouvent la mémoire »).

Des présentations du livre auront lieu :

  • le 25 octobre 2018 à la librairie Les Mots à la bouche, Paris (19h, 6 rue Sainte-Croix de la bretonnerie) ;
  • le 14 novembre au centre LGBTI de Lyon (20h, 19 rue des capucins) ;
  • le 15 novembre à la Librairie "La belle aventure", Poitiers (18h30, 12 rue des grandes écoles) ;
  • le 18 novembre au centre LGBT de Paris (16h30, 63 rue Beaubourg) ;
  • le 21 novembre à la librairie Violette & co, Paris, avec Sara Garbagnoli, Catherine Gonnard et Michèle Larrouy (19h, 102 rue de Charonne) ;
  • le 7 décembre à la librairie Flammarion du Centre Pompidou, Paris (18h) ;
  • le 13 décembre à la librairie Mollat, Bordeaux (18h, Station Ausone, 8 rue de la Vieille tour) ;
  • le 14 décembre à l'association Ex-Aequo, Reims (20h, 25 rue du jard).

vendredi 18 mai 2018

Moving Frontiers à Paris, 23-26 mai 2018

« Moving Frontiers – Do and undo / Faire et défaire », le programme post-graduate que j'ai initié avec Sylvie Blocher à l'ENSAPC organise quatre journées de rencontres, performances, projections à Paris, du 23 au 26 mai 2018, à la Cité internationale des arts, à La Colonie et à la Maison de la poésie.

À la suite du séjour d’octobre 2017 à Douala, et de l’exposition présentée, ce troisième temps de travail permettra aux artistes, théoriciens et auteurs engagés dans le projet de réfléchir aux déplacements et aux circulations opérés depuis un an, d’imaginer un retour, une retranscription, une réinterprétation des processus de travail et des œuvres produites à Douala.

Des invités participeront aux discussions : Manuel Valentin (ethnologue), Abdellah Taïa (écrivain), Anne Lafont (directrice d’études à l’EHESS), Gastineau Massamba (artiste) et Lionel Manga (critique, écrivain).

Avec Sylvie Blocher, Antoine Idier, Hervé Yamguen, Hervé Youmbi, Soufiane Ababri, Alfredo Coloma, Aurelie Djiena, Badr El Hammami, Cléophée Moser, Jean-David Nkot, Ernest Dizoumbe Oumarou, Daniel Onguene, Louise Sombga, Caroline Trucco et Hua Yang.

En partenariat avec le Festival international d’art public SUD2017, le centre d’art doual’art et l’Institut des beaux-arts de l’Université de Douala à Nkongsamba (Cameroun).

Programme :

  • Le 23 mai 2018 : Une Afrique des passerelles : rituel, sacré, contemporain, Auditorium de la Cité internationale des arts (Paris 4e) ;
  • Le 24 mai 2018 : On devient un homme, ou une femme, en marchant, Auditorium de la Cité internationale des arts (Paris 4e) ;
  • Le 25 mai 2018 : Le corps comme lieu politique de la relation, La Colonie (Paris 10e) ;
  • Le 26 mai 2018 : Héroïsmes ordinaires, Maison de la poésie (Paris 3e).

Le programme complet des quatre journées

Pour annoncer ces journées, la revue Diacritik a publié, sous le titre "Pétrir la terre", des extraits du livre ''Héroïsmes ordinaires'' d'Hervé Yamguen.

lundi 12 mars 2018

Le futur antérieur des sujets minoritaires

Queer Week 2018

Avec Raphaël Faon, et à l'invitation de la Queer Week 2008, je proposerai un atelier intitulé "Le futur antérieur des sujets minoritaires", le 20 mars à la Villa Vassilieff (Paris 14ème).

Cet atelier réunira artistes, militants, chercheurs et toute personne intéressée par la question des archives et les enjeux politiques contemporains qui lui sont liés. Il s’agit de construire un espace de réflexion, de discussion et de création sur le rapport qu’entretiennent les subjectivités minoritaires avec le passé, de l’histoire donnée, où ces subjectivités sont invisibles, à l’histoire qu’elles se donnent, pour exister et s’inventer. L’atelier se veut transversal, entre théorie et pratique, approches militantes et artistiques.

Plusieurs fils s’entremêleront lors de cette journée. Parmi eux :
— le problème de la dignité et de la visibilité : qu’est-ce qui est digne de faire archive ? Comment les mouvements minoritaires transforment, par la lutte théorique et politique, ce qui fait archive et, donc, histoire ?
— le problème du regard : comment, aussi, la question n’est-elle pas directement l’archive, mais le regard qu’on lui porte, la manière dont on la lit ? C’est-à-dire comment il est nécessaire de transformer le regard, de voir ce qu’il n’a pas été possible, jusque-là, de voir, et de pointer les absences ?
— enfin, le problème de la temporalité de la constitution de cultures minoritaires et de leurs usages : si des identités minoritaires sont façonnées, traversées par des conditions de possibilités héritées du passé que les sujets doivent s’approprier et performer, nous pourrons nous interroger sur la manière dont, comme l’écrit Didier Eribon, « la mémoire du groupe va à la rencontre de ce qui fut un jour une anticipation pour constituer celle-ci comme son passé, sa référence ».

En somme, il s’agit de penser collectivement le « futur antérieur » des sujets minoritaires.

Avec : Renaud Chantraine, Patrick Comoy, Thomas Conchou, François-XavierCourrèges, Konstantinos Eleftheriadis, Emmanuel Guillaud, Lou Hanna, Alexis Langlois, Guillaume Lasserre, Julie Lebacq, Anna López Luna, Elsa Pages, Andres Salgado, Tom de Pékin, Quentin Zimmermann.

Cette journée est une programmation de la Queer Week 2018 : du 16 au 24 mars. La Queer Week est une semaine de réflexion autour de la diversité des genres et des sexualités.

lundi 25 décembre 2017

L'art du coup d'État

Cet article a été initialement publié par le magazine Diacritik le 13 décembre 2017.

À l’invitation de la Triennale d’art contemporain SUD2017, une œuvre de Sylvie Blocher a été posée mercredi 6 décembre sur un carrefour de Douala au Cameroun. Sylvie Blocher y présentait ses excuses pour les exactions commises par la France pendant la période coloniale. L’œuvre a été détruite jeudi 7 décembre par un activiste, Blaise Essama, à la suite d’une campagne instrumentalisée par la radio-télévision Équinoxe et qui a passé sous silence le projet de l’auteur, au profit d’enjeux politiques locaux. Des discussions publiques passionnées ont débuté, certains soutenant, d’autres contestant les intentions de Sylvie Blocher, mais ouvrant en tous les cas un espace de réflexion sur l’histoire coloniale, l’occultation des questions mémorielles dans la société et l’espace public camerounais, et la reconnaissance par la France de ses crimes. Le texte « L’art du coup d’État » a été écrit avant ces événements.

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samedi 4 novembre 2017

Une mélancolie mineure

Je suis l'auteur de l'essai qui accompagne les collages de François-Xavier Courrèges dans son livre ''Vague souvenir'', publié en novembre 2017 par les éditions Jean Boîte. Mon texte s'intitule « Une mélancolie mineure ».

L'ouvrage sera notamment présenté le 8 novembre à la librairie du Palais de Tokyo (19h), le 9 novembre aux Beaux-arts de Paris dans le cadre d'Offprint (18h) et le 30 novembre à la librairie Les Mots à la bouche (19h, Paris 4e).

Une mélancolie mineure, François-Xavier Courrèges, Vague souvenir, Éditions Jean Boite, 2017

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